Il faut avoir la patience d’attendre.
L’humilité, une parfaite humilité, est la condition de toute réalisation. Le mental est tellement outrecuidant. Il s’imagine tout comprendre, tout savoir. Et s’il agit par idéal pour servir une cause qui lui paraît noble, il est encore plus sûr de lui-même, plus incorrigible, et il est presque impossible de lui faire voir qu’il peut y avoir quelque chose de plus haut encore derrière ses nobles conceptions, son grand idéal altruiste ou autre. Le seul remède, c’est l’humilité. Je ne parle pas de l’humilité de certaines religions, ni de ce Dieu qui rabaisse ses créatures et n’aime les voir qu’à genoux. Quand j’étais enfant, cette sorte d’humilité me révoltait et je refusais de croire à un Dieu qui veut rabaisser sa créature. Il ne s’agit pas de cette humilité-là, mais de reconnaître que l’on ne sait pas, que l’on ne sait rien, qu‘il peut y avoir autre chose que ce qui nous paraît actuellement le plus vrai, le plus noble, le plus désintéressé. La vraie humilité qui consiste à se référer constamment au Seigneur, à tout jeter en Lui. Quand je reçois un coup (et il y en a beaucoup de coups dans ma sâdhanâ), ma réaction immédiate, spontanée, comme un ressort, c’est de me jeter en Lui et de dire : « Toi, Seigneur. » Sans cette humilité-là, je n’aurais rien pu réaliser. Et quand je dis « je », c’est pour me faire comprendre, mais en fait « je », cela veut dire le Seigneur à travers ce corps, son instrument. Quand on commence à vivre cette humilité-là, c’est que l’on approche de la réalisation. C’est la condition, le commencement.
L’Agenda • 21 décembre 1957